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La prison Mazas est une prison aujourd'hui disparue qui se trouvait dans le 12ème arrondissement de Paris

De sa voix rauque, Aristide Bruant chantait Mazas en 1892, mais savez-vous que la prison à laquelle il fait référence dans cette chanson se trouvait… dans le 12ème arrondissement de Paris ?! Située au coeur du quartier de la gare de Lyon, la maison d’arrêt cellulaire de Mazas a été inaugurée en 1850, et a vu défiler entre ses murs des centaines de milliers de détenus, célèbres ou inconnus (Georges Clemenceau, Arthur Rimbaud, Jules Vallès…), jusqu’à sa destruction en 1898. Voici son histoire !

L’histoire de la prison Mazas, aujourd’hui disparue

Aujourd’hui, quand on passe au niveau des 23-25 boulevard Diderot, difficile d’imaginer que des hommes étaient enfermés dans des cellules derrière l’imposant porche en pierre d’entrée. Là où touristes et habitant.e.s du quartier sirotent désormais un café en terrasse, attablés à la brasserie « Aux deux Savoie », c’est un modèle carcéral qui a vu le jour dans la seconde moitié du 19ème siècle.
La maison d’arrêt cellulaire Mazas a en effet été la première prison en France à reposer exclusivement sur un enfermement en cellule : comme son nom l’indique, elle a été conçue pour isoler au maximum les détenus les uns des autres.
La prison Mazas est une prison aujourd'hui disparue qui se trouvait dans le 12ème arrondissement de Paris
La prison Mazas est une prison aujourd’hui disparue qui se trouvait dans le 12ème arrondissement de Paris © Auguste Hippolyte Collard
La presse de l’époque n’a pas assez de mots, semble-t-il, pour faire l’éloge de ce monument conçu par l’architecte Emile Gilbert, qui s’est inspiré du modèle américain observé par le député et magistrat Alexis de Tocqueville lors d’un voyage outre-Atlantique.

La prison Mazas, une « prison idéale » à l’époque

Qualifiée de « prison idéale », la prison Mazas est aussi surnommée « l’hôtel des 1 200 couverts », en référence à sa capacité pouvant accueillir jusqu’à 1 200 détenus au moment de son ouverture, répartis sur trois étages. Tous purgeaient de courtes peines.
Les six bâtiments rayonnaient autour d’une tour centrale de 45 mètres de hauteur, où se trouvait une rotonde vitrée qui donnait à voir sur tout l’intérieur de la prison, que l’on rejoignait par l’un des six couloirs de 80 mètres convergeaient vers elle. Ce système combiné à la présence de 70 surveillants ont d’ailleurs empêché toute tentative d’évasion d’aboutir !
La prison abritait aussi une chapelle, une bibliothèque et un parloir, dont on peut se faire une idée en regardant les dessins de certains détenus qui sont parvenus jusqu’à nous…
Dessin de la chapelle de la prison Mazas, aujourd'hui disparue, par le dessinateur Louis Montégut
Dessin de la chapelle de la prison Mazas, aujourd’hui disparue, par le dessinateur Louis Montégut
A noter que lors du coup d’État du 2 décembre 1851, 62 des 220 députés protestataires furent enfermés à la prison Mazas. La prison fut démolie en 1898 en vue de l’Exposition universelle de 1900, pour épargner la vue d’une prison aux visiteurs arrivant depuis la gare de Lyon. Seule trace de ce bout d’histoire carcérale dans le quartier : la rue Émile-Gilbert, ouverte sur l’emplacement de l’ancienne prison, qui perpétue le souvenir de son architecte.
Cliché de la destruction de la prison Mazas, avant l'Exposition universelle de 1900.
Cliché de la destruction de la prison Mazas, avant l’Exposition universelle de 1900.
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