Selon les chiffres donnés en 2022 par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), quasiment trois quarts des moineaux parisiens avaient disparu depuis le début des années 2000. C’est ce constat qui a donné envie aux membres du collectif Les K.releuses de représenter l’un de ces petits passereaux sur l’un de leurs carreaux – ou « K.ro » – en faïence, visible sur le port de l’Arsenal, dans le 12ème arrondissement de Paris. Le Douze Pépouze a voulu en savoir plus sur leur démarche.
Depuis quelques années, ce sont plus d’une centaine de carreaux qui ont été disséminés çà et là par le collectif Les K.releuses, pour recouvrir les trous dans les pavés ou la chaussée, à Paris et ailleurs. « L’histoire de K.releuses a commencé avec la découverte d’un four à céramique qui appartenait à l’une de nos grands-mères et notre attirance pour le street art en général. À partir de cette possibilité de peindre sur des ‘K.ros », on s’est dit ‘pourquoi pas aller les poser dans la rue comme les azulejos ?’ », nous raconte-t-on.
Les K.releuses, le collectif qui repave les villes avec ses carreaux inspirés d’azulejos
Le collectif tient néanmoins à rester discret sur ses membres ; quand on pose la question de l’anonymat, on nous explique que « ce qui nous intéresse, c’est d’offrir un moment de surprise dans le quotidien des gens, embellir la ville, et peut-être passer un message sur le lien qui nous relie à notre environnement pour en prendre soin. Avec K.releuses, on cherche à réparer la ville en y insérant un peu de poésie. Combler des trous, des failles avec des K.ros peints à la main qui racontent des histoires sur le lien entre les gens et ce qui les entoure. »
Que ce soit dans le 12ème ou ailleurs, le procédé est toujours le même : il faut d’abord trouver un trou dans la rue, « pas trop profond avec une forme bien délimitée ». Vient ensuite la recherche du sujet à peindre : « On cherche un sujet inspirant à représenter en lien avec le lieu, ça peut être une petite fleur, un insecte poilu, un arbre majestueux, tout ce qui peut nous étonner ou qu’on trouve beau », détaille-t-on du côté des K.releuses.
Vient ensuite la découpe du « K.ro », à la bonne taille, la peinture sur faïence et la cuisson à haute température. Enfin, il faut retourner à l’endroit repéré et poser le K.ro dans son nouvel habitat. En moyenne, un mois environ s’écoule entre le repérage du trou et la pause du K.ro.
Où voir le travail des K.releuses dans le 12ème ?
Pour découvrir les oeuvres des K.releuses, il faut ouvrir l’oeil. Ça tombe bien, c’est l’une des choses que l’on préfère faire au Douze Pépouze, pour dénicher des adresses pépites et des endroits insolites. C’est donc par une journée ensoleillée que l’on est partis en quête du K.ro posé par les K.releuses le long du port de l’Arsenal, au niveau du point d’embarquement de Canauxrama.

Sur ce K.ro, le collectif a eu à coeur de mettre à l’honneur l’un des oiseaux les plus répandus en ville : le moineau, que l’on appelle moineau domestique (« Passer domesticus ») – contrairement à ce que son nom semble indiquer, il ne s’agit pas d’un animal domestique mais bien d’une espèce sauvage. Malgré ses capacités d’adaptation à toute épreuve, le moineau tend à disparaître de nos villes, et même de nos campagnes. Une belle manière de sensibiliser sur son sort, non ?
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