Le Douze Pépouze

Le média du 12ème arrondissement de Paris

Victor Young Perez Paris 12

Autrefois gymnase Bercy-Bastille, l’installation sportive située au 244, rue de Bercy, dans le 12ème arrondissement de Paris, porte depuis janvier 2022 le nom d’un champion de boxe juif tunisien, qui fut victime de la Shoah : Victor « Young » Perez. Retour sur le destin tragique de ce sportif hors normes, auquel une salle de boxe de l’INSEP (institut national du sport et de la performance) rend par ailleurs hommage.

Peut-être vous entraînez-vous à la musculation au gymnase Victor Young Perez sans connaître l’histoire de l’homme qui a donné son nom au centre sportif autrefois appelé gymnase Bercy-Bastille ? Né Messaoud Hai Victor Perez à Tunis en 1911, celui qui sera par la suite appelé Victor « Young » Perez fait très vite des émules dans le milieu de la boxe en France du haut de son mètre 55, en remportant à 20 ans à peine le championnat de France des poids mouches. C’est cette victoire qui lui vaudra son surnom de « Young ». Un siècle plus tard, il reste d’ailleurs le plus jeune boxeur à avoir obtenu ce titre ! En France, dans le reste de l’Europe mais aussi en Tunisie, il affronte des pointures de la boxe, souvent avec succès, puis un peu moins, connaissant une période de relâchement durant laquelle il prend du poids et enchaîne les déconvenues et les défaites. Jusqu’à un combat qui scellera son destin. En 1938, c’est en effet en pleine nuit de Cristal qu’il aligne jabs et uppercuts contre Ernst Weiss, à Berlin, mais il perd et reçoit de la part du public crachats, projectiles en tous genres et insultes antisémites. Il rentre rapidement à Paris, où il choisit de rester quand la Seconde Guerre mondiale éclate, refusant de porter l’étoile jaune et circulant sans papiers.

young perez octobre 1931
Victor « Young » Perez photographié en 1931 © Agence Rol

La tragique histoire de Victor Young Perez, qui a donné son nom à un gymnase du 12ème

Malheureusement, Victor Young Perez est dénoncé en 1943, à la suite de quoi il est interné à Drancy, puis déporté à Auschwitz. Au sein du camp, les nazis le forcent à combattre contre d’autres détenus ou contre des soldats, en pariant sur le vainqueur. Sur les 140 combats que lui auraient imposé ses geôliers, il en aurait remporté 139 (et un combat serait resté nul). Systématiquement, le prisonnier perdant face à lui sera exécuté. Malgré tout, il parvient à faire partie des derniers survivants du camp de Monowitz, qui entament en janvier 1945 une marche de la mort. C’est lors de cette évacuation du camp, dans un froid glacial, qu’il sera abattu par un SS, le 22 janvier 1945.

Pour la petite anecdote, « le boxeur d’Auschwitz », comme il est parfois surnommé, rencontra « le nageur d’Auschwitz », Alfred Nakache. Ce dernier, qui fut déporté en Pologne avec sa famille, travailla en effet dans les mines de sel de Silésie avec Young Perez – il put le raconter après avoir survécu, contrairement à sa femme et sa fille, qui furent gazées dès leur arrivée dans les camps.

Si vous souhaitez en savoir plus, sachez que l’histoire de Victor Young Perez a fait l’objet d’un film réalisé par Jacques Ouaniche, sorti en 2013.

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