Trônant au milieu de la place d’Aligre, face au marché Beauvau, dans le 12ème arrondissement de Paris, la petite mairie est indissociable du paysage du quartier. Connaissez-vous son histoire ?
Les jours de marché, elle est vite entourée par les marchands de fruits et légumes d’un côté, les brocanteurs de l’autre : la petite mairie trône au milieu de la place d’Aligre, avec son campanile orné d’horloges signées Henry Lepeaute, figées dans le temps – mais à une heure différente chacune.

Cet édifice emblématique du 12ème est aujourd’hui le siège de l’association « La Commune Libre d’Aligre », qui agit en trois lieux : à la petite mairie « pour toutes les actions festives, militantes, culturelles à destination du quartier et au-delà – repas de quartier, concerts, projections en plein air, festival, débats, animations sportives et ludiques », au jardin partagé « L’Aligresse » (3 impasse Druinot) et évidemment au café associatif « La Commune », implanté au 3 rue d’Aligre. L’association militante a été créée dans l’élan de solidarité de l’après-guerre en 1955 par Mr Jeanson, un commerçant du marché Beauvau, pour venir en aide aux population en difficulté du quartier. Elle fut remontée en 1978 à l’occasion du bicentenaire du marché d’Aligre, et anime depuis le quartier avec diverses fêtes, repas et autres vide-greniers sur la place d’Aligre et ailleurs.
La petite mairie, épicentre de la vie de quartier sur la place d’Aligre
Revenons à nos moutons, ou plutôt à notre petite mairie. À l’origine, au 19ème siècle, il s’agissait d’un pavillon à campanile qui abritait le corps de garde du marché – les deux furent bâtis en 1843 par l’architecte de la Ville de Paris Marc-Gabriel Jolivet, sur la nouvelle place d’Aligre.
Depuis la fin du 18ème siècle, cet endroit servait déjà de marché : en 1779, Samson-Nicolas Lenoir construisit le marché couvert Beauvau-Saint Antoine sur des terrains achetés aux religieuses de l’Abbaye Saint Antoine, qui avaient elles-mêmes reçu l’autorisation de Louis XVI de faire bâtir un marché à cet endroit.

Il semblerait qu’à l’origine, ce bâtiment était affublé de deux ailes, qui auraient disparu à la fin du 19ème siècle – j’ai lu à quelques endroits la date de 1880. Sur certaines cartes postales dont la photographie figure notre « petite mairie » est aussi mentionné un « commissariat ». On peut supposer que cet endroit a donc été un temps un bâtiment dédié à ces fonctions, ce que confirmerait la présence de drapeaux tricolores au-dessus de la porte sur les mêmes clichés. C’est en tout cas une curiosité que l’on retrouve pas mal photographiée mais aussi dessinée, comme sur le mini dessin ci-dessous.

Au 21ème siècle, l’histoire de la petite mairie continue, avec notamment la pose de mosaïques représentant des fruits et légumes en rang d’oignons par le street artist « Invader ». Entre traditions et modernité, cet édifice reste définitivement un point d’ancrage dans le quartier d’Aligre, où l’on aime se donner rendez-vous.
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