Le Douze Pépouze

Le média du 12ème arrondissement de Paris

images de la crue de la Seine de 1910 dans le 12ème arrondissement de Paris

Aussi qualifiée de crue centennale, la crue de la Seine de 1910 est le plus important débordement connu du fleuve francilien après celui de 1658 (qui avait atteint 8,96 mètres). En janvier 1910, le niveau de la Seine a atteint jusqu’à 8,62 mètres à l’échelle du pont d’Austerlitz, impliquant de lourds dégâts dans la capitale, notamment dans le 12ème arrondissement. Découvrez des clichés d’époque illustrant cet épisode historique !

En janvier 1910, plusieurs éléments météorologiques défavorables se conjuguent et entraînent une crue historique de la Seine : l’été précédent s’était révélé particulièrement pluvieux, suivi d’un hiver marqué par de fortes précipitations. Les terres alors saturées d’eau entraînent une forte montée de la Seine en amont.

Dans les rues, l’eau coule à flots : elle surgit du sous-sol et déborde de la Seine, et s’infiltre dans les voies souterraines et de surface récemment ouvertes, destinées aux transports et aux égouts. Les quais et les rues sont inondés, douze arrondissements sont touchés… dont le 12ème. Le 28 janvier, le niveau atteint par la Seine à Paris s’élève à 8,62 mètres d’eau, soit 6 mètres de plus que la cote d’alerte.

images de la crue de la Seine de 1910 dans le 12ème arrondissement de Paris
Les inondations de janvier 1910 ont touché le 12ème arrondissement, comme ici rue de Lyon © Agence Rol

Les images de la crue de la Seine de 1910 dans le 12ème arrondissement de Paris

Pour évacuer l’eau qui se déverse de toutes parts, des pompes d’épuisement sont mises en place à différents endroits stratégiques. Objectif principal : évacuer les souterrains et les voies de chemin de fer. Problème, ces pompages mécaniques rapides provoquent parfois des érosions dues à un courant rapide et font s’effondrer des habitations.

images de la crue de la Seine de 1910 dans le 12ème arrondissement de Paris
Pour évacuer l’eau lors de la crue de la Seine de 1910, des pompes d’épuisement ont été mises en place, comme ici rue de Chaligny © Agence Rol

La gare de Lyon, l’une des quatre gares parisiennes touchées par la crue de 1910

Sur les dix gares que compte Paris à l’époque, quatre seront touchées par les inondations : les gares d’Orsay, des Invalides et Saint-Lazare ainsi que la gare de Lyon. En janvier 1910, alors que six lignes de métro sont déjà en fonctionnement, dont une passant sous la Seine, et que quatre autres lignes sont en construction, le métro, de même que les canalisations des égouts, participent à la propagation de l’eau par les voies souterraines.

Il faut se plonger dans la presse du début du 20ème siècle pour réaliser l’ampleur des dégâts : le 27 janvier, on peut ainsi lire dans Le Matin que « rue Daumesnil et Emilio Castelar, les rez-de-chaussée étaient envahis dans l’après-midi. Le commissariat des Quinze-Vingts, chassé par l’eau, devait se réfugier à la gare de Lyon, au fond de la cour des départs. À son tour, le commissariat de Bercy évacuait bientôt l’immeuble du 137 rue de Bercy, pour s’installer à la mairie. Le boulevard Diderot était un peu plus tard submergé par le quai de la Rapée, et la rue Traversière, gagnée par le flot, n’était plus à la tombée de la nuit qu’une longue avenue d’eau doublant l’image désolée des façades ». Le Petit Parisien indique quant à lui ce jour-là que les rues de Chalon et de Rambouillet sont sous les eaux, victimes d’une inondation « imputable aux égouts, qui ont crevé en plusieurs points ».

C’est dans ce journal que l’on apprend la présence de pompes devant la gare de Lyon : « Des pompes puissantes aspirent sans trêve le liquide qui recouvre les voies du métro et le rejettent sur la voie publique. Ces eaux s’en vont grossir le volume de celles qui stagnent dans toutes les rues voisines ».

Le lendemain, le 28 janvier 1910, Le Petit Parisien décrit les avancées de la catastrophe : « Les galeries du métro, devant la gare de Lyon, sont pleines jusqu’aux voûtes d’une eau jaunâtre, qui s’écoule rapide et bruyante (…) L’eau dévale de toutes parts. Il y en a aussi dans la rue de Charenton où elle atteint par endroits près d’un mètre de profondeur ».

La gare de Lyon servira d’ailleurs un temps d’écuries pour les quelque 75 000 chevaux encore présents dans la capitale, qui sont mis à contribution pour se déplacer, puisque les transports en commun sont hors d’usage. Malheureusement, un grand nombre d’entre eux mourra.

La gare de Lyon pendant la crue de la Seine de 1910
La gare de Lyon pendant la crue de la Seine de 1910

Le quartier de Bercy comparé à Venise pendant la crue de la Seine de 1910

Dans le 12ème arrondissement, ce sont les entrepôts de vin de Bercy qui sont rapidement touchés : à proximité de la Seine, ils occupent une grande partie des quais, où sont stockées les barriques de vins acheminées par voie fluviale. Dès le 22 janvier 1910, Le Petit Parisien rapporte que « les berges, sur lesquelles sont rangées des énormes quantités de fûts, sont complètement submergées et les tonneaux sont emportés à la dérive. Des ouvriers se multiplient pour en sauver le plus possible. »

Les entrepôts de vins à Bercy ont été fortement touchés lors de la crue de la Seine en 1910
Les entrepôts de vins à Bercy ont été fortement touchés lors de la crue de la Seine en 1910 © Agence Rol

Le 26 janvier, c’est La Petite République qui rapporte que « la situation est particulièrement grave à Bercy, dont les entrepôts sont envahis par les eaux et dont les quais menacent de s’écrouler ». Les barriques à la dérive sont transformées en barques de fortune par les riverains pour leur permettre de se déplacer.

Les entrepôts de Bercy lors des inondations de 1910 © Archives de Paris

Même si cette montée des eaux fut un coup dur pour les infrastructures et pour l’économie parisienne, aucun mort n’est à déplorer. Dès le 29 janvier, la Seine cesse de monter, mais deux crues secondaires se produiront encore en février et en mars. Il faudra attendre le 15 mars avant que la Seine ne regagne définitivement son lit !

À partir de cette date, l’eau des caves peut enfin être efficacement pompée, permettant d’évacuer les déchets et autres boues. Des opérations de désinfection dans le but de prévenir quelque épidémie que ce soit auront également lieu, notamment à la chaux vive.

Aujourd’hui, plusieurs dizaines d’échelles installées le long de la Seine permettent de repérer le niveau des différentes crues survenues à Paris, notamment celles de 1910. Un bon moyen de se rendre compte de l’ampleur du désastre !

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