L’association Sine Qua Non fait depuis 2017 de l’espace public son terrain de jeu pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Outre une course – la Sine Qua Non Run – organisée chaque année, l’association propose des sessions de course à pied et de renforcement musculaire en groupe, pour permettre aux femmes de se réapproprier la rue, ainsi que des entraînements de football dans des city stades. L’association est notamment présente dans le 12ème arrondissement de Paris.
Utiliser le sport comme levier contre les violences sexistes et sexuelles, tel est l’objectif de Mathilde Castres, la présidente de l’association Sine Qua Non, dont la 6ème édition de la « Sine Qua Non Run » a rassemblé 3 000 personnes en physique, entre Paris et la Seine-Saint-Denis le 9 mars 2024, au lendemain de la journée internationale des droits des femmes – et pas moins de 50 000 coureurs et coureuses connectés.
L’association Sine Qua Non lutte contre les violences sexistes et sexuelles à travers le sport
Elle-même victime de violences, la présidente a trouvé un exutoire à sa colère en se mettant à la course à pied. Une pratique sportive qui peut effrayer certaines femmes qui n’osent pas courir seule et/ou dans la rue. C’est ainsi que sont nées les sessions de course à pied « Sine Qua Non Squad », « des sessions de running et de training organisées dans des lieux dits ‘peu fréquentables’ par les femmes afin de prendre possession de l’espace et de revendiquer le droit des femmes à faire du sport où, quand et dans la tenue qu’elles veulent » comme indiqué sur le site de l’association.
Concrètement, tout un chacun peut s’inscrire librement à une session et retrouver d’autres personnes pour courir entre 5 et 6 kilomètres, plutôt en fin de journée, dans le but de se sentir bien et en confiance, sans objectif de performance particulier. « C’est toujours dans la bienveillance et dans la bonne humeur, d’ailleurs la plupart des sessions se terminent par un apéro », explique au Douze Pépouze Leila, bénévole au sein de l’association.
Courir avec le Sine Qua Non Squad dans le 12ème
Dans le 12ème arrondissement de Paris, les sessions partaient au départ de la mairie ou de certains gymnases : depuis quelque temps, le rendez-vous est donné au « club-house urbain » ReFeel, qui met gratuitement un espace et des vestiaires à disposition. Les sessions ont lieu une fois par mois : les coureuses et coureurs se retrouvent à 2, 5 ou 20 et vont courir dans l’arrondissement en s’arrêtant dans des endroits habituellement investis par des hommes, où les femmes n’auraient pas tendance à s’arrêter, comme la gare de Bercy.
Les entraînements de football au city stade Léon Mottot
L’association s’occupe aussi d’organiser des entraînements de football à destination d’un public féminin dans des city stade « occupés à 95 % par des hommes », selon les chiffres obtenus par l’association. Dans le 12ème arrondissement, ces entraînements ont lieu depuis deux ans tous les quinze jours au city stade Léon Mottot, dans le quartier saint-Éloi, sous la supervision d’une coach. « Toutes les filles qui veulent jouer au foot sont les bienvenues, qu’elles savent jouer ou pas », avance Leila.
Bon à savoir : hormis la course annuelle, toutes les activités de l’association Sine Qua Non sont gratuites et ouvertes à tous (et donc mixtes). Le seul but ? Visibiliser la présence des femmes sportives dans l’espace public, car comme nous l’a résumé Leila, « cela permet de se dire que si on est légitimes à faire du sport dans l’espace public, on est légitimes tout court dans l’espace public ».
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Le Douze Pépouze 